Décrit pour la première fois en 1946, le syndrome du bébé secoué est aujourd’hui connu des médecins. Également appelé « shaken baby syndrome », c’est une forme grave de maltraitance infligée à un enfant. Il touche des nourrissons âgés d’un à quinze mois, avec un pic à six mois. La plupart du temps, les parents sont jeunes et inexpérimentés. Cela se produit généralement lorsqu’un parent ou une personne de son entourage secoue le bébé de colère ou de frustration, souvent parce que le bébé n’arrête pas de pleurer.
- Un jeu qui tourne au drame
Quel parent n’a jamais joué à lancer son bébé en l’air pour le plaisir de l’entendre rire aux éclats ou ne lui a jamais fait faire l’avion en le faisant tourner autour ? Ou encore, excédé par les pleurs du bébé qu’on n’arrive plus à calmer, il finit par le secouer pour le faire taire. Tous ces gestes peuvent avoir de graves conséquences sur la santé du nourrisson. Ils peuvent même être qualifiés de maltraitance même si elle n’est pas intentionnelle et qu’il est parfois difficile de faire la part entre une réelle maltraitance et une violence accidentelle. Le syndrome du bébé secoué n’est généralement pas causé par un enfant qui rebondit sur le genou ou des chutes mineures.
- Une tête lourde et des muscles faibles
La tête du nourrisson, par rapport à son corps, est beaucoup plus lourde et ses muscles cervicaux faibles la maintiennent très mal. D’où les conseils donnés aux parents et aux frères et sœurs de toujours tenir la tête du bébé avec la paume de la main lorsqu’on le porte face à soi, ou de l’appuyer sur le bras lorsqu’il est tenu couché.
Lors d’une secousse, la tête du tout petit effectue des mouvements de va-et-vient. Ceux-ci seraient sans conséquence chez un enfant plus âgé. Chez un nourrisson, l’espace entre le cerveau et les méninges est élargi. Les veines qui le traversent sont plus exposées au risque de ruptures et d’hématome sous-dural.
Le secouement peut engendrer des lésions affectant le cerveau (hématome sous-dural, lésions de la moelle épinière cervicale), mais aussi des yeux (hémorragies rétiniennes) et des os (fractures).
- Les séquelles
La majorité des bébés secoués conserve à long terme des séquelles : retard mental léger pouvant apparaitre dans les cinq ans après avoir subit régulièrement des secousses.
Selon le Dr Ravolahanta, le syndrome du bébé secoué peut être mortel et, dans certains cas, tragiques (même après une prise en charge adéquate). Des séquelles dramatiques et irréversibles peuvent persister dont un trouble de la vision, une paralysie, une déficience intellectuelle, un trouble de l’attention, un trouble du développement psychomoteur, un trouble du langage, l’épilepsie,…
Toujours d’après le médecin, pour prendre en charge ces handicaps, une consultation en médecine physique et de réadaptation est conseillée.
- Les préventions
Les conseils suivants peuvent aider à prévenir les abus. S’occuper d’un bébé peut présenter des défis, cependant, il est important de se rappeler qu’il n’est jamais acceptable de secouer, de jeter ou de frapper un bébé.
- Prenez une profonde respiration et comptez jusqu’à 10.
- Appelez quelqu’un pour un soutien émotionnel, si vous éprouvez des difficultés à gérer vos émotions ou le stress de la parentalité.
- Appelez un pédiatre, il y a peut-être une raison médicale pour laquelle le bébé pleure
- Ne laissez jamais un bébé à un ami ou à un membre de la famille en qui la confiance n’est pas totale.
- Vérifiez toujours attentivement les références avant de confier un bébé à un baby-sitter ou à une garderie.
Question à
Docteur Fenosoa Lalatiana RAVOLAHANTA, Médecin
- Les symptômes du bébé secoué ?
Les motifs qui conduisent les parents à amener leur bébé à l’hôpital sont une altération de son état général : vomissement, convulsions, trouble du sommeil, hypotonie (l’enfant est tout mou), paralysie, baisse de la vision, trouble ou arrêt respiratoire, troubles neurologiques ou trouble de la conscience qui peuvent aller jusqu’au coma. Il y a aussi les autres troubles comme une grande pâleur, une somnolence, une irritabilité et des pleurs excessifs, un enfant geignard, un trouble du comportement, un trouble de l’attention, une déficience intellectuelle.
- Comment diagnostiquer le syndrome du bébé secoué ?
À l’interrogatoire des parents : une notion de gestes à type de secouement précédant les symptômes. Puis, à l’examen clinique et para-clinique, la découverte de trois lésions principales pose le diagnostic : un scanner cérébral pour découvrir s’il y a présence d’hématome sous-dural ou d’un œdème cérébral, un fond d’œil pour une hémorragie rétinienne.
- Quels sont les traitements ?
Une prise en charge en urgence et multidisciplinaire est nécessaire, impliquant pédiatre, ophtalmologue, neurologue, réanimateur, chirurgien pédiatrique et neurochirurgien. Pour l’hématome sous-dural : s’il volumineux et compressif et si l’état de l’enfant le permet : une neurochirurgie pour évacuer l’hématome. Pour l’œdème cérébral, hospitalisation en service de réanimation : à part divers protocoles très sophistiqués, pour faire simple on utilise des médicaments à effet osmotique pour évacuer l’excès de liquide dans le cerveau. Enfin, pour l’hémorragie rétinienne : une chirurgie de l’œil atteint est nécessaire pour réparer la région de la rétine qui est lésée et source de l’hémorragie