Il y a des jours avec et il y a des jours sans. Les jours avec, c’est génial, vous vous levez le matin, et il y a un oiseau dans votre jardin et il fait beau et… Mais bon, passons, à Tana il n’y a plus d’oiseau, plus de papango, plus de fodilahimena, plus de taratra, plus de… et le matin vous êtes réveillé par l’odeur de gas-oil, et une espèce de nuage noir couvre le ciel et fait suffoquer tous les petits enfants. J’oubliais les camions qui toussent et les moteurs qui tournent dans les embouteillages… Quand je vous dis sans, c’est sans, et bientôt ce sera sans eau au rythme où les brûlis s’aggravent, les banlieues proches crament déjà, bientôt même les jardins vont brûler, déjà que les arbres sont coupés… C’est bizarre, j’ai l’impression d’un suicide collectif… Mais bon, gueulons, conseillons, personne n’écoute personne et ce sont les petits enfants des autres qui vont casquer « tany mena tsy mirehitra no ho lovain-jafikely ô, izay vao hiady an-trano eto »… Passons.
Mais il y a des jours pour… Vous êtes réveillé par le chant des oiseaux, un gros caméléon traverse votre jardin, tandis que le coq du voisin fait sa grasse matinée (ça n’arrive jamais, j’invente, mais chez moi, le coq est programmé à cinq heures le matin, coq réveil-matin !!!, puis les merles y vont de leurs trilles et ensuite, la cloche de l’église du village voisin carillonne. C’est agreste de chez agreste…, mais il y a des fois où je comprends les citadins qui ont porté plainte contre le coq du voisin. Mais ça c’était en France, ils ne savent pas le zébu qui fait « mi-maaaannn !!! »
Mais quoiqu’il en soit, je vous suggère une chose, faites comme moi, barrez-vous à la campagne, trouvez-vous une petite maison, dans un grand bout de tanety, sur lequel vous replantez des arbres, de la luzerne, des légumes, des fleurs. Soyez patient, Il faut à peu près trois ans pour régénérer un tanety, à coups de compost, de petits canaux pour irriguer la terre-brique, de buttes de terre et végétation. Et si vous n’avez pas de tanety, créez-vous un petit jardin intérieur, par exemple sur le rebord de la fenêtre plantez des fleurs, du piment, une courgette, un avocat et dans la cuisine quatre pots des thym, basilic, menthe et coriandre, dont de temps en temps vous piquez une feuille à mettre dans le plat… miam !
Je vous jure, avec ça, « les jours avec », vous vous réveillerez en vous disant, tiens je vais mettre un peu de basilic de mon balcon dans les pâtes, et je vais réhydratez ma peau avec une cuillerée de miel et de yaourt (celui que j’ai fait moi-même en recouvrant mes pots de lait fermenté avec une couverture), et je vais me prendre un petit-déjeuner avec une tartine de pain enduit de confiture maison, arrosé de thé local parfumé avec une feuille séchée de géranium, et cela dans le bol. « C’est à moi ça, pas touche » ! Qui c’est qui a des réveils cinq étoiles ? On est sophistiqué ou on ne l’est pas ! De toutes façons, ainsi faisant, les « jours avec » se multiplient ! Plus besoin de gros maquillage, cache-cerne, ni de « rien à me mettre », même la vieille robe qui vous fait ressembler à une octogénaire revêche avec un poil au menton les « jours sans », devient une robe super vintage, dont vous dites à la copine : «Euh, je l’ai achetée aux Puces de l’avenue Montaigne à Sabotsy-Namehana » On est snob ou pas n’est-ce pas ? Non, je vous jure avec un réveil comme ça, tout le monde vous verra rayonnante et personne ne remarquera la tache sur votre chemise.
C’est pas beau ça, haut les cœurs Mesdames. Qui c’est qui est gagneuse et marrante ? Non mais !