« Tu veux apprendre à te débarrasser de tes mauvaises habitudes, à avoir confiance en toi, à te discipliner, à être en forme, à te concentrer, à réaliser tes objectifs ? ». Qui ne le veut pas ! Et l’incitation a quelque chose de paradoxal. En cette période de la rentrée, on est censé commencer le bilan de la première moitié de l’année. Un inventaire de nos accomplissements. Et c’est pourtant une période déserte pour certaines, tiraillées par les « J’aurai voulu mais… », « J’ai pensé à…, mais… » Des expressions paralysantes qui laissent en suspens les intentions. Se dire « Je veux » ne suffit pas, ça reste inefficace. D’où l’intérêt d’explorer les tréfonds du pouvoir de la volonté, dans cette phase emplie de contraintes ordinaires.
« C’est quoi la volonté ? » Mirana, 30 ans, reste perplexe dans son approche : « La volonté ? C’est une envie furieuse de faire quelque chose ?… En fait, c’est plus complexe que ça. Peut-être que l’expression qui la définit au mieux, c’est le : « Yes I can » de Barack Obama. » « C’est un état de zèle, de détermination farouche où l’on prend des décisions suivies d’engagement. Et ce, qu’importe les obstacles en chemin », détaille Nathalie, 39 ans. En se référant aux études de la psychologie comportementale, la volonté renvoie à « un acte conscient, plus ou moins délibéré, en vue d’une fin simple ou complexe, proche ou lointaine », une disposition, une pulsion intérieure pour déployer ou inhiber ses ressources donnant le pouvoir de se déterminer à agir. Donc du self-control ! Dans leur livre « Le Pouvoir de la volonté », Roy Baumeister et John Tierney l’expliquent comme « la force de décider comment agir, de tenir cette décision, et de résister aux tentations extérieures – que ces tentations prennent la forme brûlante des désirs ou celle plus discrète de la procrastination ». Et cette force, cette capacité de prise de décision nécessite de l’énergie, car elle s’affaiblit. C’est ce qu’on appelle la fatigue décisionnelle. Plus le temps passe, plus les imprévus, les difficultés se multiplient, « la force de la résolution primitive tend à décroître, à moins qu’elle ne soit sans cesse renouvelée ». La preuve, on commence quelque chose (un cours, un projet…) avec excitation, mais on ne finit jamais rien. En cours de route, des détournements de l’attention, des distractions, des résistances à des tentations… Autant de portes à la procrastination.
De ce fait, nous avons besoin de remplir notre réservoir. Comme un muscle, le pouvoir de la volonté se fortifie uniquement si l’on s’en sert. Remarquons que celle qui recule trop souvent devant l’action devient à la longue incapable d’agir, de prendre des décisions. Il y a aussi des cas où nous faisons preuve de bonne volonté, mais nous manquons de fixité et de constance dans nos engagements. Les mots d’or : autodiscipline et persévérance. Chacune les mobilise à sa manière. C’est une invitation à activer notre puissance intérieure pour une ténacité sereine dans nos efforts d’initiative et de réalisation.
PROFIL COMPARATIF
Hésitantes/indécises Assurées/Confiantes
Nonchalantes/Inertes Actives/Expressives
-Redoutent, fuient les engagements et les -Entreprenantes, créatives et
conflits diplomates
-Ont des appréhensions, répugnent à -Grande force de proposition,
l’action, manque d’initiative, démissionnaire
-Comportements d’autosabotage -Comportements d’optimisation
-Résignation -Résilience
-Dramatique -Optimiste (anticipatrice positive)
-Attend d’être « parfaitement » prête pour se lancer -Plonge dans l’inconnu et se
lance dans des projets fous
Coup de pouce
.J’assume mes responsabilités : nous sommes la cause de tout ce qui nous arrive. Sans exception. Plus nous en sommes conscientes, plus nous faisons des choix qui donnent un sens à notre vie. (De toutes nos habitudes : de la boisson que nous buvons au travail que nous faisons.)
.Je crée en moi une impulsion à l’effort : « Tout ce qui entre par l’esprit, en sort par les muscles. » Une pensée en acte. On dresse un tableau écrit des changements que l’on souhaite apporter à sa personnalité et ses avantages (Exemple : « Je veux cultiver un calme continuel, et une confiance en moi-même… Dans cet état, je me vois moins colérique et je cesse de crier. Je prends le temps de respirer, de méditer et de visualiser.»).
.Je liste les gratifications instantanées : On sait que fumer tue, mais on continue de fumer, « J’arrêterai un jour. » On sait que les réseaux sociaux sont des chronophages, « Je me connecte. » On sait que les graisses animales font monter le taux de cholestérol, «On se fait plaisir ! » « Pourquoi sommes-nous si négligents envers notre futur ? Parce que ça nous arrange sur le moment. À cause de notre vulnérabilité à la gratification instantanée. Les récompenses visibles nous font surestimer les bénéfices de la gratification instantanée et sous-estiment la valeur d’exercer un contrôle de soi. » On imagine ce que nous dit notre « Futur self » aux décisions que nous avons prises aujourd’hui et à leurs conséquences.
.Je m’offre des moments créatifs : dessin, écriture, peinture
.J’agis (je passe à l’action) en synchronie avec mes aspirations, mes émotions et mes désirs, et je persiste dans l’effort.
A savoir :
Distinction, en trois parties de la volonté par les philosophes
–La délibération : une forme de consultation à soi-même selon son feeling ou son raisonnement
-La détermination : le point de départ de l’action, on soupèse les résultats des intentions portés par un choix. On consent ou on refuse l’effort selon les paramètres
-L’exécution : l’action proprement dite.
À lire :
Le Pouvoir de la volonté, de Roy Baumeister et John Tierney
À méditer :
« La force ne vient pas d’une capacité physique, mais d’une volonté indomptable. »
« Les grandes âmes ont de la volonté, les faibles n’ont que des souhaits. »
« La persévérance est un signe de force et de volonté. »
« Vouloir c’est se diriger soi-même au lieu de se laisser diriger. »
«Celui qui s’accoutume à vouloir souvent, à vouloir promptement, à vouloir énergiquement, développe en lui des qualités d’initiative, de décision et de vigueur morale. »